Comme elle avait trouvé Paris sale la fois où elle y était allée, elle s'était mis en tête de contribuer à le nettoyer. Non de la pelle, du balai ou à la main ( certains ramassent au sol mégots, épluchures, miettes de pain) mais en usant de la pureté d'un garde-boue de locomotive assisté par un système d'arrosage dirigé.
Elle userait d'un seul levier à l'intérieur de la cabine de conductrice du train rouge et les rues seraient arrosées d'une fine pluie empourprée. Les suies, les papiers gras se rabougriraient d'un coup dans la giclée carminée des roses, les bruissements d'oeillets, dans les rideaux dissolvants des bourgeons du citronnier. Les rames de métros, les couloirs de RER, les locals à poubelles, les boîtes à compost même se trouveraient infiltrés,
Ce serait la victoire des fleurs sur le royaume du mal. Un peu comme quand juin apporte des kilos de cerises mûres cueillies en conformité avec les règles morales, économiques, juridiques adoptées par Migros, le supermarché suisse qui veut réduire les coûts, le gaspillage alimentaire, le réchauffement du climat et le marché non équitable.
Extrait de " L'enfant qui rêvait de conduire un train", 2006 et 2013.
Locomotive purifiante aux fleurs rouges et aux cerises